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Guerre 14 18 en Alsace - Bataille du Linge 1915 - 63ème RAAA Poste 1/2 fixe 96

Conseils aux fantassins pour la bataille





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PRÉCEPTES ET DEVOIRS
DU FANTASSIN
Les préceptes du fantassin.
Le fantassin est l'ouvrier de la Victoire.
Les dispositions prises, les troupes rangées, et tout étant prêt, le général lance ses fantassins dans la bataille.
Désormais, parmi les obus et les balles, ils entendront à peine les commandements, ils ne verront guère de renforts, ils seront seuls, mais on compte sur eux : ils sont les ouvriers de la Victoire.
Chacun jusqu'au plus humble est responsable
devant la Patrie.
A ces heures décisives, celui qui est l'espoir du pays sou- vent ne s'en doute guère. La bataille se limite aux alentours de son abri ; il se trouve bien peu de chose, suppose son effort presque inutile et se dit parfois : « A quoi bon m'exposer davantage pour si peu ? » Comme il ne reste guère d'officiers, qu'ils sont éparpillés çà et là sur la chaîne, rien ne vient secouer et entraîner le tirailleur ; il s'excuse en disant qu'il fait comme les autres, et c'est ainsi que la bataille s'immobilise parce que le tout petit ne bouge plus.
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Quand le tirailleur se trouve seul, quand les chefs ne le voient pas, la Patrie le regarde ; s'il avance ou s'il tombe, elle le bénit.
Au combat, se battre.
Sur le champ de bataille, il y a d'abord les vrais combattants, ceux qui font du mal à l'ennemi. Mais il y a aussi les peureux qui perdent la tête et ne songent qu'à se blottir dans un trou. Ceux-là paraissent uniquement pour faire d'inutiles cadavres.
Quoi qu'on fasse, la vie est exposée : qu'elle ait au moins servi à quelque chose et qu'elle soit payée d'avance.
Vivre et vaincre
Il ne s'agit pas de se faire tuer bravement et de disparaître, il faut vivre et vaincre. Pour conserver leur vie, les lâches tâchent de ne pas l'exposer, les braves comptent sur leur valeur pour la défendre.
La tentation des lâches est forte il est plus agréable de rester dans son trou que de marcher dans les balles ; mais le poltron n'a pas de sang-froid et il s'affole ; c'est pourquoi, s'il réussit à se conserver une ou deux fois, un jour il fait le faux mouvement qui, à la guerre, se paye de la vie.
Le brave est un malin ; il ose regarder le danger en face, il sait quand on doit le mépriser pour avancer, et quand il serait téméraire de le braver. L'ennemi, il ne le craint pas, parce que l'ennemi est un homme dont on vient toujours à bout, par l'audace et l'adresse.
Un bon fusil, des jambes lestes, l'œil clair et la tête froide, voilà le secret pour passer au travers des balles et tuer l'ennemi.
Les braves gens font les bons soldats.
Celui qui n'est pas un bon soldat n'est pas un honnête hom- me. Pour suivre ses chefs dans le danger, il faut les respecter et les aimer : la canaille n'a ni foi, ni règle, elle ne respecte rien et n'aime qu'elle.
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Quand le chef manque, quand le soldat se trouve seul, qu'est-ce qui le pousse sur le chemin du devoir, malgré toute son angoisse et sa frayeur : c'est la conscience.
La conscience n'appartient qu'à l'honnête homme.
La Victoire complète.
Bien des Français sont déjà tombés qui ont donné leur vie pour la Victoire. A-t-on le droit désormais. de se déclarer fatigué et de S'arrêter ? Non, car on ne peut profiter du sacrifice des camarades, sans terminer l'œuvre pour laquelle ils sont morts. Pas de paix sans la victoire complète, dût-on y laisser tous ses membres.
L'Allemagne a voulu la guerre, il faut lui arracher ses griffes pour longtemps ; on nous bénira.
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Les devoirs du soldat.
Suivre le chef.
Le chef est le signal de ralliement ; il n'a pas à regarder sa troupe, car elle doit le suivre aveuglément. S'il tombe, on continue sans lui et on le venge.
On n'abandonne jamais à 'l'ennemi le corps d'un officier; une troupe le rapporte ou revient le chercher.
Venger ses morts.
Quand la pensée revient vers les combats passés, le combattant revoit ses camarades qui dorment sur tous les coins de terre où le régiment a donné.
Ils sont tombés, d'autres les ont remplacés à la compagnie. Eux, si vigoureux et si braves, ils ne peuvent plus rien. Mais leur souvenir ne se perd pas et leur sacrifice n'est pas vain.
Ils sont toujours au fond du cœur de ceux qui restent, et à cette pensée chacun sent monter en lui-même une sourde colère qui rend le bras plus solide et l'œil plus vif.
Dans la tranchée ou au combat, on ne doit avoir de repos qu'on n'ait fait payer bien cher à- l'ennemi le camarade frappé.
Les morts crient vengeance. Aucun fusil n'est plus juste que le fusil d'un mort.
Donner une sépulture aux morts, secourir les blessés.
On doit donner une sépulture honorable à ses camarades tués. Il faut conserver assez de coeur, malgré la fatigue et l'accablement du danger, pour les enterrer autrement qu'en les couchant dans un trou quelconque avec un peu de terre sur le corps.
Il faut panser les blessés, les mettre à l'abri quand on ne doit pas quitter sa place, et, quand la situation le permet, les transporter en arrière„ même si l'on tombe de fatigue et de sommeil.
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Faire du mal aux Allemands.
C'est l'idée qui doit toujours veiller dans le cœur du combattant. Elle lui donne cette ardeur silencieuse et farouche qui est la vraie ; s'il est prêt à défaillir, elle le soutient. Quand on souffre, quand le courage s'en va, il faut mettre une cartouche dans le fusil et viser juste.
Conduite envers les prisonniers.
Il faut épargner l'ennemi qui se rend, tout en se méfiant des traîtrises dont les Allemands sont coutumiers. Massacrer pour le plaisir de tuer est une lâcheté et une barbarie qui déshonorent une troupe.
Mais dans la mêlée, tant que la résistance dure et que l'ennemi risque de se ressaisir, pas de quartier, parce que souvent la bonté coûte cher.
L'ennemi blessé est un malheureux qu'on doit secourir, il ne faut plus voir l'uniforme détesté.
Toujours se souvenir que l'on est Français.
En un mot, si le fantassin se demande comment il doit se conduire, qu'il se souvienne toujours qu'il est soldat français.
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Quand est-on un peureux
ou un lâche ?
Les défaillances guettent le soldat à chaque pas sur le champ de bataille ; il doit bien les connaître pour leur résister et ramener sur le droit chemin le camarade qui s'abandonnerait aux tentations de la peur.
On n'est pas un peureux ou un lâche parce qu'on a peur et qu'on est mal disposé ; il ne faut pas alors se décourager et ne plus avoir confiance en soi.
Le danger impressionne toujours vivement ; on ne s'habitue guère aux balles et aux obus, c'est trop contraire à la nature humaine. Mais à mesure que l'on s'aguerrit, si l'on apprend à connaître davantage le danger, on s'affole moins parce qu'on sait quand on doit le craindre et quand on peut dormir tranquille.
Parfois on est mal disposé : le corps souffre et l'esprit est malade. On se trouve par exemple sous l'impression de bombar- dements ou de combats violents, on est immobile dans la boue par la pluie et le froid, les heures s'écoulent lentement, la guerre est longue et on pense à l'inconnu de demain. Il vient alors de mauvaises idées : c'est le cafard. Celui qui a le cafard n'est pas un lâche ; il le devient s'il s'abandonne, s'il pleurniche continuel- lement sur ses misères et cherche désormais un moyen de quitter son poste. Il est un brave s'il se dit : « Je ne vaux pas cher, ces temps derniers, mais tout cela passera, attendons, travaillons ou dormons. »
Le peureux.
Le peureux est le soldat qui a peur d'un rien.
Il tire en l'air ou lâche son coup par-dessus le parapet sans montrer la tête. Il tremble, se croit perdu et recule dès qu'il voit un ennemi marcher dans sa direction; il ne peut supporter la vue d'un adversaire, parce qu'il le croit toujours plus fort et plus brave
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que lui. Quand il est en sentinelle, il voit et il entend des Allemands partout.
Quand il est en patrouille ou en petit poste (et c'est alors qu'il est le plus beau), il se figure continuellement qu'un Allemand va se jeter sur lui ; s'il entend un bruit, il se replie au grand trot, hors
d'haleine, criant que l'ennemi s'avance, épouvantant tout le monde : or c'est une vache qui circule ou bien un blessé qui gémit et se traîne dans nos lignes.
Le lâche.
Le lâche est celui qui abandonne son poste sous un motif quelconque.
Il accompagne les blessés sans ordres, non pour leur ren-
dre service, mais pour se retirer à l'arrière et y rester.
S'il a une blessure légère ou une égratignure, tout heureux il en profite pour se sauver et lâcher ses camarades au plus fort du danger : Défense absolue de quitter sa place de combat sans autorisation.
Il n'ose lancer une grenade ou tirer un coup de fusil par crainte de la riposte.
Sont des lâches : les fuyards ;
Ceux qui se rendent sans avoir épuisé toutes leurs Cartouches ou avoir fait tout leur possible pour échapper à l'ennemi.
La canaille.
Ce sont les quelques individus qui ont l'idée bien arrêtée de ne pas accomplir leur devoir ou de commettre une mauvaise action ;
Les soldats qui se défilent ; ils se cachent quand le chef ne les voit pas et ne reparaissent que quelques jours après, quand la ba-
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taille est finie, en disant qu'ils s'étaient perdus.
Dans les guerres d'autrefois, quand ils rentraient le soir pour manger la soupe, l'escouade les jugeait et les fouettait jusqu'au sang.
La canaille ne veut pas s'exposer ; elle s'imagine peut-être vivre plus tard heureuse et tranquille, tandis que les braves gens auront acheté la paix avec leur sang.
Cette duperie n'est pas tolérée, il faut que tout le monde marche.
Quand est-on un brave ?
La plupart des soldats sont braves ; beaucoup ne le savent même pas.
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LE COMBAT DANS LA TRANCHÉE
Le fantassin dans la tranchée n'aime pas beaucoup à travailler, il préfère souvent croupir dans la boue sous un abri médiocre plutôt que de se déranger un petit moment. Aussi quand il est bombardé ne sait-il où se fourrer.
En outre le fantassin considère qu'il est dans la tranchée uniquement pour empêcher l'ennemi de passer s'il vient à atta- quer. Comme l'ennemi n'attaque pas tous les jours, on perd l'habitude de combattre, on laisse l'adversaire planter tranquil- lement ses réseaux et creuser ses abris ; aussi, quand il faut sortir de la tranchée et attaquer, on se heurte à des défenses complètes qu'il faut enlever de vive force.
L'ennemi que l'on ne tue pas d'avance vous tuera peut-être, le jour de l'assaut.
Ce que doit faire le fantassin
dans la tranchée.
1° Se conserver ;
2° S'aguerrir et s'exercer ;
3° Détruire des Allemands.
Se conserver.
Se faire tuer ou blesser dans la tranchée par imprudence ou négligence, c'est absolument stupide, parce qu'on n'a servi à rien.
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Un soldat ne se remplace jamais. Donc, se construire un bon abri pour pouvoir se moquer du bombardement et dormir tranquille. Ne pas commettre les imprudences que tout le monde connaît bien. Surveiller les camarades qui ne font pas attention et parti- culièrement les jeunes soldats ou les nouveaux venus qui veulent tout voir et ignorent les habitudes de la tranchée.
S'aguerrir.
Dans les tranchées, on prend de mauvaises habitudes pour le combat. On reste continuellement abrité ; quand on circule, c'est presque toujours dans les boyaux, aussi trouve-t-on très désa- gréable d'avoir à passer à découvert clans les espaces où sifflent les balles.
Il faut se fortifier pour ne pas être impressionné par la moin- dre balle un jour d'attaque ; pour cela, la nuit, faire des patrouilles et planter des réseaux devant la première ligne.
Le fantassin doit profiter de son séjour aux tranchées pour acquérir l'adresse, qui est sa plus sûre protection au combat.
Il exécute chaque jour un carton très ajusté sur la tranchée en- nemie, il étudie le point de son fusil pour les diverses distances ; il s'exerce en outre aux mises en joue rapides pour se préparer au tir pendant le corps à corps.
Chaque soldat se familiarise avec le maniement et le lancement des différents modèles de grenades ; il doit s'intéresser à tout ce qui est charges d'explosif, manière d'amorcer bombes et engins de tranchée.
Comment détruire des Allemands avec son fusil.
On peut passer des mois devant une tranchée ennemie sans voir un Allemand ; il est difficile par conséquent de leur faire du mal.
Cependant, avec de l'habileté et de la patience, on arrive à de bons résultats.
Il faut commencer par observer la tranchée ennemie et connaî-
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tre exactement les points où l'on peut saisir l'adversaire pendant une apparition d'une demi-seconde.
Points où se tient l'ennemi.
Les créneaux. — Tous ne sont pas occupés. Ceux qui sont trop visibles ne servent qu'à détourner l'attention. Souvent les créneaux de tir sont au ras du sol ; ils sont alors très étroits' juste de la largeur du fusil, et sont masqués par des mottes ou une touffe d'herbe.
Pour reconnaître les créneaux qui sont réellement occupés, il faut provoquer les coups de feu en montrant un képi ou un bonnet de police au-dessus du parapet, pendant que d'autres soldats, placés plus à droite ou à gauche, observent.
Les abris — Il y a toujours du monde aux abords des abris ; ce sont des points où l'on peut toujours surprendre quelqu'un.
Les abris sont décelés par une surélévation du parapet. En général, l'ennemi a la maladresse de surcharger ses abris de sacs à terre visibles même de l'extérieur de la tranchée. Souvent on trouve un créneau de guetteur immédiatement à côté de l'abri. Enfin la fumée qui s'échappe est le meilleur indice de la partie habitée.
Postes d'observation. — Révélés par une accumulation de sacs à terre et par les périscopes qui s'y montrent régulièrement. Les périscopes ne dépassent pas beaucoup le parapet, ils sont souvent enveloppés d'herbe ou d'un sac à terre, mais l'observation minutieuse de tous les instants permet de remarquer leur apparition discrète.
C'est pendant les tirs de l'artillerie ennemie ou des lance-bombes que l'on peut observer quelque mouvement fugitif dans les observatoires.
Moments où l'ennemi est dehors,
Le matin et les jours de froid par un temps de soleil, tout le monde est dehors.
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Au moment de la soupe par le beau temps ; ce moment est souvent indiqué par un ralentissement de la fusillade. Lorsque nos tranchées sont bombardées, alors il y a affluence aux créneaux d'en face, qui s'amusent.
La nuit, l'ennemi sort de ses tranchées pour exécuter des travaux et réparer les dégâts causés dans ses défenses ou ses réseaux par notre artillerie.
Les relèves. — On peut reconnaître le moment de la relève au ralentissement de la fusillade, aux bruits de voix, aux silhouettes qui défilent la nuit en certains points quand les boyaux sont impraticables.
On est toujours fixé quand il y a eu relève par le changement d'attitude et des habitudes de l'ennemi. En répétant les obser- vations, on peut connaître les jours de relève.
Malmener l'ennemi qui arrive pour relever, c'est le meilleur moyen pour l'intimider durant tout son séjour aux tranchées.
Organisation du guet.
1° Pour observer un point repéré, on guette par un petit cré-
neau d'observation. Le créneau d'observation est un simple trou pratiqué avec un bâton dans le parapet, ou un tube placé à l'intérieur du parapet et dirigé sur le point à observer. On place quelques mottes à la sortie du créneau afin qu'elle ne soit pas trop régulière. Éviter de
regarder continuellement par les créneaux de bois ou les boucliers, qui sont souvent repérés.
2. Pour surveiller une partie de la tranchée, observer par un créneau placé de biais dans le parapet ou au moyen d'un péris- cope. Se servir également, pour avoir une vue d'ensemble sur les tranchées ennemies, d'un morceau de glace que l'on fixe au bout d'un bâton planté sur le revers de la tranchée.
Observation à la jumelle. (Jumelle des chefs de section.) — La tranchée ennemie paraît d'habitude complètement déserte ; mais,
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quand on l'observe à la jumelle, on est étonné par les détails qui sont révélés. On aperçoit tout près de soi, de temps à autre, l'œil du guetteur ennemi qui se montre à son créneau, ou la buée imperceptible d'une cigarette.
La jumelle sert à observer un point repéré, elle ne laisse passer aucun mouvement de l'ennemi et le tir devient instantané et implacable.
Pour observer par un créneau d'observation, ne regarder que par un oculaire de la jumelle.
Organisation du tir.
Il faut pouvoir tirer sans danger sur un point repéré et sur les parties de la tranchée ennemie en dehors des points repérés.
Pour tirer instantanément sur un point repéré (créneau, poste d'observation...), on pointe sur lui continuellement un fusil chargé.
Il est donc nécessaire de construire un chevalet de pointage qui puisse résister au recul sans se dépointer. On peut construire, avec les moyens trouvés sur place aux environs immédiats des tranchées, un chevalet rudimentaire (une sorte d'étau). Il suffit de deux planches formant mâchoires, d'une charnière pour les réunir, d'un pieu sur lequel est solidement clouée l'extrémité d'une des deux planches et d'une forte vis de serrage.
Entre les mâchoires et le fusil, interposer un morceau d'étoffe.
Pour tirer un peu plus à droite ou à gauche, placer des petits coins de bois.
A côté du chevalet se trouve un créneau d'obser- vation ; le guetteur voit-il passer une ombre dans
l'échancrure du bouclier adverse qu'il surveille, un simple coup de doigt sur la détente et la balle va droit au but instantanément.
Employer des balles perforantes contre les boucliers ennemis, de manière à être sûr que si la balle ne passe pas par l'échancrure, elle ira frapper l'adversaire en trouant son bouclier.
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Pour tirer sur un ennemi qui peut se montrer en dehors des
points repérés, placer des créneaux en bois, de biais dans le paraparapet, afin d'être protégé contre les coups de face (les plus fréquents). On tire à travers ces créneaux sans chevalet.
Le guetteur placé à ces créneaux est choisi parmi les meilleurs tireurs. Il sur-
veille un secteur des tranchées allemandes. Voit-il un ennemi montrer brusquement la tête, il épaule et fait feu.
Comment faire apparaître l'ennemi.
Pour pouvoir tirer sur l'ennemi, il faut l'obliger à se montrer, tandis que des tireurs placés aux créneaux seront prêts à faire feu.
On peut imaginer pour cela plusieurs moyens :
— Simuler une attaque en faisant une brusque fusillade,. en lançant des grenades et en poussant des cris ; l'ennemi bondit aux créneaux.
— Montrer de temps à autre un képi, un bonnet de police dans un créneau ou au ras du parapet ; le guetteur ennemi tire, mais il reçoit aussitôt plusieurs coups de feu dans son créneau.
— Remuer la terre des parapets ou des sapes.
On peut imaginer une foule de trucs, entre autres l'incendie « de la guitoune », que l'on fait vers l'entrée de la nuit. On allume de la paille et on pousse des cris, on agite des mannequins ; l'ennemi ne manque pas de se précipiter aux créneaux pour jouir du spectacle et se moquer de son adversaire. Quand on suppose que les créneaux sont garnis, on tire dedans.
Comment employer la grenade à fusil pour infliger des pertes journalières à l'ennemi.
Il faut être bien persuadé que l'emploi des grenades à fusil est susceptible de causer plus de pertes à l'ennemi que le bombarde- dement.
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La grenade à fusil arrive à l'improviste, sans bruit ; elle éclate avant même qu'on ait pu se garer. Elle n'a pas d'heures fixes comme le bombardement, aussi l'adversaire ne peut s'y soustraire continuellement en se réfugiant dans ses abris ; quand il circule, son esprit doit être sans cesse tendu pour guetter. Cette perpétuelle menace rend à l'ennemi le séjour dans la tranchée extrêmement pénible.
Avant de lancer des grenades, il faut commencer par bien observer la tranchée ennemie, connaître les points où se tient l'adversaire, où il est possible de l'atteindre parfois (abris, postes de guetteur, boyaux, carrefours, latrines...).
Les officiers indiquent la direction et la distance approximative des points que l'on ne peut voir directement.
Des fusils sur chevalets sont placés en face des points les plus importants et on tire une grenade de temps à autre, la nuit comme le jour. Ainsi on peut arriver à surprendre une sentinelle, un fumeur devant son abri, un gradé ou un cuisinier qui circulent dans la tranchée.
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Parfois l'ennemi essaye de riposter ; il faut redoubler alors d'acharnement et bombarder l'ennemi sans arrêt : dès qu'il se sentira le plus faible, il ne songera qu'à mieux s'abriter. Au lieu d'exécuter un tir individuel lent et continu, il est préférable dans certains cas (relèves ennemies, corvées, travailleurs, rassemble- ment de troupes avant une attaque) d'exécuter un tir de surprise brusque et violent avec le plus grand nombre possible de fusils. Le feu commence par une salve ; il est ensuite continué à volonté.
Lorsque l'artillerie a bouleversé certaines parties des tranchées ennemies et pratiqué des brèches dans les réseaux, l'ennemi profite de la nuit pour réparer les dégâts ; on peut le gêner considérablement et lui infliger des pertes en faisant pleuvoir des grenades sur les points battus dans la journée.
Attaque de la tranchée.
En cas d'attaque, chacun se porte rapidement à sa place de combat. Quand l'attaque est précédée d'un 'violent bombarde- ment, cette place parfois n'existe plus, la tranchée n'est qu'un ensemble de monticules et de trous. On s'abrite alors comme on peut ; pour se battre, il n'est pas besoin d'une solide tranchée.
Il arrive également que l'ennemi réussit quelquefois à envahir la tranchée et à la dépasser avant que les défenseurs ne soient sortis de leurs abris. Il ne faut pas croire que tout est perdu ; on fait le vide à coups de grenades autour des abris, et on fusille l'ennemi dans le dos. C'est en opérant de la sorte que des garnisons intrépides ont anéanti des compagnies allemandes entières, qui avaient déjà franchi la première tranchée.
Protection contre les gaz asphyxiants.
Comment on peut prévoir qu'il va y avoir une attaque au gaz.
— L'attaque se produit par temps calme avec un vent faible. L'ennemi reste tranquille dans le secteur pendant quelques jours.
On entend parfois dans la tranchée ennemie un bruit de tôles remuées.
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On peut remarquer des travaux faits tout le long de la tranchée ennemie.
Les ballonnets ou la fumée qui s'élèvent en arrière des lignes ennemies, pour indiquer la direction du vent, sont de précieux indices.
Quand l'attaque se déclenche, on entend un sifflement prolongé ; c'est un des seuls indices la nuit.
Mesures de protection.
Placer toujours le masque à un endroit où il soit possible de le trouver immédiatement sans chercher.
Quand on prévoit une attaque, mettre les lunettes sur le front et attacher le masque autour du cou pour pouvoir l'ajuster rapidement.
Dès que l'attaque se déclenche, donner l'alarme ; mettre ses lunettes d'abord, le masque ensuite.
Se rendre à son poste de combat et ouvrir le feu pour empêcher l'ennemi de s'avancer et pour dissocier le nuage.
Exécuter les consignes générales qui ont été prévues à l'avance par les gradés.
Quand le nuage est passé, ne pas enlever le masque, car il pourrait venir un nouveau nuage.
Ne pas toucher aux aliments qui ont été exposés au nuage.
Ne jamais mouiller le masque et ne pas le sortir inutilement de sa boite.
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LE COMBAT
Que fait le fantassin au combat ?
C'est toujours et partout la même chose :
Après que l'artillerie a démoli les défenses et terrifié les défen- seurs, le fantassin se jette à l'assaut et nettoie la position.
Il poursuit le plus loin possible pour gagner tout le terrain qu'il peut d'un même coup.
Il tient comme un clou, sous les marmites et devant les contre- attaques, pour ne pas lâcher un morceau de ce qu'il a pris.
Donc,
S'approcher de l'en- nemi jusqu'à distance d'assaut (entre 100 et 200 mètres),
Donner l'assaut,
Poursuivre,
Tenir.
Si l'on n'est déjà à distance d'assaut, il faut s'approcher de l'ennemi, soit de nuit, soit de jour.
Le jour, on se porte en avant sous la protection de l'artillerie ; il faut marcher rondement, ne pas s'attarder sous la mitraille : plus on reste sous la pluie, plus on se mouille.
Profiter surtout des éclaircies.
Ainsi on marche en ordre, par bonds, alignés et sans tirer, aussi loin que possible.
Mais quand le feu d'infanterie de l'ennemi devient vif et précis, comme aux petites distances par exemple, alors on ne peut plus
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marcher exactement alignés : il faut courir à toutes jambes et tirer pour tuer d'avance ses ennemis.
A partir de ce moment on n'est guère en ordre, on n'entend plus les commandements au milieu du fracas, on ne voit pas toujours les chefs.
C'est alors que le tirailleur, au lieu de se croire perdu et de ne plus bouger, se débrouille avec les camarades pour avancer toujours, guettant l'occasion parfois longtemps, courant, piochant, tirant, lançant des grenades : c'est l'objet des pages qui suivent.
Le « marmitage ».
Les jeunes soldats sont très vivement émus par les obus, surtout par les gros. Les soldats aguerris ne les aiment guère davantage, parce que le fracas et le souffle de violentes explosions bouleversent et détraquent le cerveau.
Mais les soldats aguerris savent que l'obus fait souvent plus de bruit que de mal et qu'après un bombardement terrifiant il s'en faut de beaucoup que tout le monde soit détruit.
Comment se garantir contre les obus.
La grosse marmite, qui est si effrayante, n'est réellement dangereuse que si elle tombe sur le point où on se trouve, parce que tous les éclats montent dans les airs.
Donc se coucher quand la marmite arrive. Même si l'on est tout près, on ne court guère de risques.
Éviter de se relever aussitôt après l'explosion surtout quand on est à 200 ou 300 mètres du point d'éclatement, parce que les éclats ne retombent que longtemps après l'explosion.
Contre les shrapnells, le casque et le sac (avec une matelassure intérieure formée par la vareuse ou la couverture pliée) protègent assez efficacement contre les éclats et les balles de shrapnells.
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Comment on échappe au marmitage.
Au combat.
Avancer rapidement pour sortir des zones repérées. Certains, complètement affolés, n'ayant plus là moindre force d'avancer, se couchent la figure contre terre : ils seront écrasés sur place.
S'approcher à courte distance de l'ennemi. Ainsi l'artillerie lourde adverse cesse son feu clans la crainte de placer indis- tinctement ses obus chez les siens et chez les nôtres.
Le feu d'artillerie, lorsqu'il est violent, jette la confusion et le désordre dans les rangs.
Chaque soldat n'a d'oreilles que pour le ronflement de l'obus qui s'approche ; il ralentit son pas et est très fortement tenté de se jeter dans les abris ou couverts. Ainsi bientôt les unités se délient, courent pêle-mêle ou s'arrêtent. Le désordre, c'est le massacre.
Donc marcher exactement à sa place et alignés. Empoigner ceux qui s'émotionnent et les maintenir dans le rang.
Dans la tranchée.
Creuser des abris-cavernes. Ne pas attendre au dernier moment, comme il arrive bien souvent, par insouciance.
Si l'on ne peut creuser des abris profonds, porter pendant la nuit la ligne de tranchées à petite distance de l'ennemi.
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Comment on se sert de son fusil.
Le fusil sert à détruire de loin l'adversaire, afin de pouvoir se rapprocher de lui sans trop de risques. A mesure qu'il avance, chaque soldat fait ainsi le vide devant lui : il a tout intérêt à le faire complet.
Pour bien se servir de son fusil, il faut :
— Bien se poster, se mettre à l'affût,
— Prendre le point du fusil,
— Guetter l'ennemi,
— Savoir le moment où il faut tirer.
Manière de se poster.
(Voir exemples d'aménagement d'un poste de tireur.)
Pour bien tirer, il faut être abrité ; un soldat qui risque à cha- que instant de recevoir une balle a des mouvements nerveux ; il se presse et ses balles maladroites font rire l'ennemi, qui se moque de lui.
La première préoccupation du tirailleur qui va ouvrir le feu doit donc être de construire ou d'aménager un poste d'affût sûr et commode.
Ce poste d'affût se composera d'un bourrelet de terre, pour garantir des balles de face, et d'un créneau. Mais ce créneau, au lieu d'être dirigé droit sur l'ennemi, est oblique ; par conséquent, on ne tire pas tout d'abord sur l'ennemi directement en face de soi, mais sur les adversaires qui sont plus à droite.
Ainsi on ne risque pas de recevoir une balle dans le front, ce qui est fréquent quand on vient d'arriver dans un nouvel abri et que l'ennemi vous guette. Toutes balles de face se plantent dans le bourrelet de terre sans causer le moindre dommage au tireur.
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En outre, il faut éviter de faire repérer son poste, car les balles qui viennent claquer autour du tireur finissent par l'inquiéter et l'énerver.
Par conséquent, ne pas modifier l'aspect des masques ou des abris naturels (mottes, touffes d'herbe...) derrière lesquels on s'est arrêté ; dissimuler la terre remuée, travailler avec précaution pour ne pas attirer l'attention de l'ennemi.
L'abri doit se confondre avec le terrain environnant.
Le fusil décèle très souvent l'emplacement du tireur. Éviter de dresser le fusil quand on le charge, le faire glisser dans le créneau au ras du sol sans jamais le lever.
Masquer le canon, dont le bout ne doit jamais dépasser le parapet de l'abri.
Veiller à ce que le départ du coup ne soulève pas de poussière au ras du sol (pour cela, mettre quelques touffes d'herbe vers l'extrémité du canon.)
Prendre le point de son fusil.
Les hausses de 200 et de 400 mètres n'ont pas une précision assez grande pour permettre toujours d'atteindre un petit objectif comme la tête d'un adversaire abrité; il faut viser un peu plus haut ou plus bas. Chercher le point qu'il faut viser pour toucher, s'appelle prendre le point. Pour cela, tirer sur un but situé à la même distance que l'objectif et où il est facile de constater le point d'arrivée des balles (butte de terre).
Comment on guette l'ennemi.
Même aux petites distances, les tirailleurs allemands sont difficiles à découvrir; leur emplacement est le plus souvent indi- qué par la visibilité de leur abri et par leur fusil, comme il a été dit plus haut. Dès que l'on a repéré un ennemi, mettre en joue, attendre qu'il se montre et faire feu dès qu'il paraît. Ne pas s'occuper d'un autre tant que le premier n'est pas hors de combat. Après s'être débarrassé d'un adversaire, passer au voisin en allant
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de la droite à la gauche. Ainsi on ne s'expose aux coups de face que peu à peu, à mesure qu'on devient le maître de la situation.
Moments où il faut tirer.
Quand on ne voit pas l'ennemi, on le guette et on l'attend, on ne tire qu'au moment où il parait, c'est-à-dire quand il se découvre pour tirer ou pour avancer ; on est en général averti par le fusil qui se lève.
Quand un mouvement se produit ou va se produire dans notre ligne, alors l'adversaire ne manque pas de tirer et il est obligé de se montrer.
Pour tirer sur un ennemi qui court, ne pas essayer de le toucher à la volée; viser un point où il va passer et faire feu au moment où il va atteindre le point.
Quand l'ennemi fuit, on se met à tirer, tirer ; finalement, alors que l'ennemi devrait être détruit, il ne laisse que quelques hommes sur le terrain. Bien prendre la hausse ; ainsi, même si on s'énerve et si on tire dans le tas, le feu sera meurtrier.
Quand on est dissimulé et que l'ennemi s'avance sans méfiance, le laisser s'aventurer à découvert, l'abattre quand. il arrive à petite distance (à pratiquer contre les patrouilles).
Sur quoi il faut tirer.
Le tirailleur tire ordinairement sur l'adversaire qu'il a choisi dans l'objectif indiqué; mais il doit abandonner son objectif de lui-même dans les circonstances suivantes :
Apparition de gradés.
On les reconnaît aux gestes, parce qu'ils sont en général au centre des groupes et qu'ils partent les premiers. Tirer sur eux pour les mettre hors de combat et rendre leur voisinage intenable.
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Fraction ennemie en mouvement.
Concentrer le feu sur ces fractions.
On reconnaît qu'un ennemi se prépare à faire un bond aux mouvements qui se produisent sur sa ligne et aux fusils qui se dressent.
Après l'exécution d'un bond par l'ennemi, se tenir aux aguets, parce qu'il y a toujours des retardataires qui vont chercher à rejoindre ou de nouvelles fractions qui vont partir.
Tentative d'infiltration.
Parfois, l'ennemi essaie de se faufiler homme par homme ou par petits groupes, soit en courant, soit en rampant dans un cheminement. Guetter chaque homme au départ ou à l'arrivée.
Mitrailleuses.
Tirer immédiatement sur toute mitrailleuse qui s'installe ou entre en action.
Signaleurs, coureurs,
Tirer sur tout ennemi qui exécute des signaux, ainsi que sur tout isolé qui circule sur le champ de bataille, parce qu'il peut être un agent de liaison ou un gradé.
Ennemi se présentant de flanc,
Il faut saisir toutes les occasions de tirer dans le flanc d'une fraction ennemie ; pour cela, s'avancer ou se déplacer latéralement s'il y a lieu. Le feu d'un seul homme tirant dans le flanc de l'ennemi peut obliger toute une ligne à se replier.
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EXEMPLES D'AMÉNAGEMENT D'UN POSTE DE TIR.
Pour bien tirer, il faut commencer par bien se servir de sa pelle.
I
TROUS DE TIRAILLEURS
Les tirailleurs s'aident-réciproquement avec les pelles dont ils disposent de façon que, de deux tirailleurs placés l'un à côté de l'autre, l'un creuse pendant, que l'autre tire.
II
MANIÈRE D'ABORDER UNE CRÊTE
Le tirailleur ne doit pas se coucher directement an sommet de la crête, mais il doit s'en approcher tout doucement en rampant. Aux petites distances, creuser en arrière de la crête et pousser la fouille en avant. jusqu'au moment où on peut voir l'ennemi (de 1 à 2).
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EXEMPLES D'AMÉNAGEMENT D'UN POSTE DE TIR
(suite)
III
AMÉNAGEMENT D'UN TALUS
IV
UTILISATION D'UN TRONC D'ARBRE
Remarquer que ce tirailleur laisse dépasser l'extrémité
de son fusil, ce qui est un inconvénient.
V
UTILISATION D'UN TAS DE PIERRES
Remarquer que ce tirailleur en chargeant son arme évite de montrer le bout de son fusil.
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Comment le tirailleur s'approche de l'ennemi.
Un certain nombre de soldats n'ont qu'une idée : se cacher. On vient sur le champ de bataille pour combattre. Par conséquent on doit se servir uniquement des accidents du terrain :
Pour se poster commodément et bien tirer.
Pour arriver à la barbe de l'ennemi sans se faire tuer.
Occasions de s'avancer.
Les tirailleurs se figurent qu'ils doivent attendre un comman- dement pour avancer ; or, comme les chefs manquent parfois et que souvent on ne peut les voir ou les entendre, il arrive que des groupes restent immobiles pendant des journées entières.
Le tirailleur doit avancer de lui-même sans ordres, toutes les fois qu'il a un abri à quelques pas ou quelques dizaines de pas en avant. Il faut chercher à gagner toujours un pouce de terrain de plus.
Difficulté de s'avancer de soi-même.
Avancer aux petites distances, c'est très pénible. Quand le tirailleur s'est logé dans un trou, il respire, il est enfin à l'abri. Il lui semble que l'air au-dessus de lui est rempli de balles, elles le frôlent et le font s'aplatir davantage ; il a l'impression qu'il serait infailliblement traversé s'il venait à se lever dans cette nappe de plomb.
Où est l'ennemi, on ne le voit guère et cependant, dès que le tirailleur se montre, les balles claquent ; ces fusils invisibles, mais toujours aux aguets, l'inquiètent et il n'ose plus s'aventurer dans l'espace incertain. D'ailleurs l'abri prochain lui paraît à une distance extraordinaire ; son équipement lui pèse et l'encombre, il se trouve maladroit et lourd, quand il voudrait avoir des ailes pour se dresser et courir.
Aussi le tirailleur se trouve bien dans son abri et quand il l'a aménagé ne songe-t-il guère à le quitter.
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Il ne faut pas que les tirailleurs se découragent s'ils éprouvent ces impressions très pénibles. Le moment du départ est dur ; quand on est parti et que l'on court, on n'entend plus siffler les balles. Mais s'ils renoncent à marcher pour rester blottis, c'est alors que commence la lâcheté.
Quand faut-il se porter en avant ?
Pour atteindre l'abri que l'on guette, il faut commencer par détruire ou par épouvanter avec son fusil tous ceux qui pourraient être nuisibles pendant la course.
On pourra s'élancer sans risques :
Dès que l'ennemi aura renoncé à tirer, ou dès que ses balles passeront très haut. (Ceci d'ailleurs est difficile à observer parce que le tirailleur se figure toujours que les balles lui passent à côté des oreilles.)
On peut également bondir par surprise pendant un silence ou une trêve de la fusillade ; l'ennemi qui ne faisait plus attention saute sur ses fusils, tire, mais trop tard ; cependant, gare aux retardataires ou à ceux qui vont suivre.
Profiter surtout des moments où la position ennemie est bombardée par notre artillerie.
Bond.
Avant de partir, bien fixer la place où l'on veut aller se poster.
Quand le mouvement n'est pas commandé par un gradé, s'entendre avec ses camarades pour le signal du départ, afin qu'il n'y ait pas de retardataires.
Avertir les voisins pour qu'ils soient prêts à tirer, si l'ennemi apparaît.
Ne pas attirer l'attention de l'ennemi en levant le fusil ou en se redressant.
Fermer ses cartouchières et fixer solidement l'outil au ceinturon.
Galoper à toutes jambes pendant le bond.
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S'éparpiller.
Dès que l'on est arrivé, aménager l'abri, l'agrandir pour permettre à d'autres de rejoindre la nouvelle ligne.
Infiltration.
Parfois il est possible de gagner une nouvelle position sans avoir à courir en terrain découvert.
Quand il existe un cheminement qui permet de se reformer sur une ligne plus avancée, les tirailleurs se glissent de proche en proche par ce cheminement sur la nouvelle ligne.
Si le cheminement n'est pas continu, on le complète en creusant aux passages découverts.
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Éviter avec le plus grand soin de se porter à un abri les uns après les autres, soit en courant, soit en rampant, lorsqu'on peut être aperçu par l'ennemi. Le premier passe, mais le second reste en route.
Emploi du sac à terre au cours de la progression.
Parfois on est séparé de l'ennemi par une grande étendue de terrain découvert, Il est difficile, dans ce cas, de se poster à petite distance de l'adversaire pour préparer l'assaut ; tout homme qui reste immobile en terrain découvert est mis rapidement hors de combat. On remplit alors son sac à terre avant de quitter le dernier abri, en mettant quelques pierres au milieu de la terre pour mieux arrêter les balles. Le sac à terre, porté sous le bras gauche pendant la course, offrira Pendant l'arrêt un premier abri qu'il sera facile de compléter.
Les tirailleurs d'Ypres (7 novembre 1914).
Le 7 novembre 1914, notre ligne d'attaque s'était arrêtée à 300 mètres des tranchées allemandes, d'où partait un feu redoutable et précis. Les nôtres s'entassaient pêle-mêle dans les trous d'obus et les vieilles tranchées ; décimés, ils répondaient mal au feu de l'adversaire, tiraient en l'air du fond des abris, et nos halles maladroites se bornaient à casser les branches des saules au-dessus des Bavarois.
Deux tirailleurs avaient réussi à se loger en avant de la ligne dans un trou d'obus. L'un d'eux s'installe pour tirer de flanc ; il pratique tout doucement un créneau de biais dans les terres qui bordent l'excavation, sans modifier l'aspect du trou d'obus afin de ne pas attirer l'attention de l'ennemi. Puis il prend le point de son fusil et se met à guetter. Il repère bientôt un adversaire tout à fait à sa droite et met en joue sur l'endroit où il a disparu, et attend. Chaque fois que l'ennemi se montre, un coup de feu rapide et précis : ainsi le tirailleur passe successivement en revue, de la droite à la gauche, toutes les têtes qui paraissent. Les Bavarois ne
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peuvent comprendre d'où viennent ces balles. Ils redoublent d'acharnement sur les abris où s'entasse notre ligne ; puis, rendus plus prudents, ils ôtent leur casque, ne montrent plus que le coin de l'œil dans une rapide apparition souvent encore trop longue. A leur tour, ils cassent les branches des arbres au-dessus des Français, leur feu se ralentit, enfin s'éteint complètement.
Pendant ce temps, les deux tirailleurs, alternant pour le travail et le tir, ont agrandi leur trou et deux hommes ont pu les rejoindre ; l'amorce de tranchée est activement continuée. Enfin, quand l'abri est assez grand, un groupe de gradés et d'une quinzaine d'hommes rejoint d'un bond.
En face, le feu de la tranchée allemande, après quelques essais de riposte vite enrayés, paraît éteint ; le silence s'étend peu à peu sur ce coin du champ de bataille, une trêve s'établit.
Vers midi, soudain le groupe se dresse ; en deux bonds, à toutes jambes, en plein terrain découvert, il atteint, à trente mètres de l'ennemi, une ligne de vieux abris français abandonnés. Les Allemands, surpris, n'ont tiré qu'au dernier moment : deux hommes sont blessés. Toute la journée, ce faible groupe réussit à se maintenir à courte distance des Bavarois, qui n'osent les chasser : un seul blessé.
A la nuit, sous la protection de ce groupe, toute la compagnie se glisse en avant ; on creuse silencieusement, le fusil à côté de soi, baïonnette au canon. Quand le jour vint, les Allemands furieux purent voir toute une tranchée qui s'était creusée à leur nez, et les pointes de baïonnettes qui dépassaient.
Voilà ce que permirent de faire, presque sans pertes, dans des circonstances critiques où la plupart avaient perdu la tête et ne se défendaient plus, l'audace et l'adresse de deux, tirailleurs d'abord, puis d'un petit groupe.
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Combat à. la grenade.
La grenade est l'arme du fantassin comme le fusil et la baïon- nette.
Au combat, il faut toujours avoir des grenades dans sa musette et bien en connaître le maniement.
Emploi de la grenade.
On se sert de la grenade dans la défense pour former en avant de la tranchée un barrage que l'adversaire ne pourra traverser.
Dans une attaque, la grenade sert pour chasser l'ennemi d'une tranchée, d'un abri, d'un nid de mitrailleuses, d'une maison, d'une cave.
Préparation d'un assaut par la grenade.
Parfois, au cours du combat, un groupe intrépide arrive à se loger tout près d'une tranchée ennemie ; la préparation par l'ar- tillerie ne peut pas se faire et l'assaut dans ces conditions est dangereux. Alors on essaie d'accabler l'ennemi à coups de grenades, pour se jeter ensuite sur lui à la baïonnette.
Quelques tirailleurs munis de grenades essaient de se rapprocher de l'ennemi à portée de jet en utilisant tous les accidents du sol, les trous d'obus, les tranchées abandonnées par l'ennemi ; ils complètent au besoin leur cheminement avec l'outil. Si l'approche de jour est impossible, ils attendent la nuit pour se glisser silencieusement dans un abri tout près de l'adversaire.
Pendant ce temps le reste du groupe attend, abrité, le moment de donner l'assaut.
Les grenadiers accablent l'ennemi sous une grêle continue de grenades bien dirigées et l'obligent soit à évacuer la place, soit à se garer dans ses abris. C'est alors le moment de l'assaut.
Le groupe approvisionne, met la baïonnette ; à un signal, tous se dressent à la fois. On se précipite sans crier, on arrive sur l'ad-
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versaire surpris, on le cloue et on le fusille dans ses trous avant qu'il ait songé à se défendre.
Combat à la grenade dans un boyau ou une tranchée.
Parfois, au cours d'un combat, on est obligé de progresser par les tranchées ou les boyaux.
PRÉPARATION À LA GRENADE D'UN ASSAUT
PAR UN GROUPE DE TIRAILLEURS
On doit alors faire reculer l'ennemi pas à pas et lui enlever suc- cessivement, par un combat à la grenade, toutes les barricades qu'il établit.
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Les tirailleurs se divisent alors en trois groupes :
— Un groupe de tête,
— Une chaîne de ravitaillement,
— Un groupe remplissant des sacs à terre.
Le groupe de tête se compose :
— d'un homme (fusilier) armé d'un fusil ou d'un revolver et dont l'unique préoccupation est d'interdire le passage à l'ennemi et de protéger les grenadiers,
Combat dans un boyau.
— de deux grenadiers (lanceurs) qui lancent des grenades sur la barricade de l'ennemi et sur le boyau en arrière pour empêcher le ravitaillement.
Pour éventrer une barricade de sacs à terre, on peut se servir avantageusement de charges de pétards ou de bombes Cellerier lancées à la main, amorcées par un groupe placé plus en arrière,
La chaîne de ravitaillement se compose de quelques hommes (pourvoyeurs) placés à plusieurs pas de distance de façon à pouvoir se garer, sans se gêner. Ils font passer les grenades dans des musettes ou des sacs.
Le troisième groupe remplit des sacs à terre pour permettre d'établir rapidement un barrage ; il tire des grenades à fusil pour gêner le ravitaillement de l'ennemi et barrer ses voies de repli.
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On garde le plus profond silence et on observe attentivement tous les bruits qui viennent de l'ennemi. Quand le groupe de tête juge que l'ennemi est accablé, un homme se glisse en rampant dans la fumée, jette un coup d'œil au tournant et fait signe à ses camarades : Ainsi on progresse de tournant en tournant et de traverse en traverse.
Il est assez facile de se garer des grenades ennemies : on les voit venir, elles n'éclatent pas instantanément, et on a le temps de se jeter dans un coin ; d'ailleurs, beaucoup de grenades tombent à l'extérieur de la tranchée.
Mais il faut éviter de former des groupes serrés. Quand une grenade arrive, on se presse, on s'empêtre les uns dans les autres et la grenade écrase tout le monde.
Quand l'ennemi a momentanément l'avantage, il faut multiplier les barrages de sacs à terre, obstruer la tranchée, soit par des amoncellements de sacs, soit en faisant ébouler les parois. Ainsi la marche de l'ennemi est ralentie ; il s'attarde à déblayer le passage, ce qui permet souvent de reprendre la supériorité, ou il doit se montrer à découvert devant les fusils.
Simuler des cris de blessés pour attirer l'ennemi dans une embuscade.
Précautions à prendre dans la lutte à l'intérieur des tranchées.
Il faut se méfier des longues portions droites de tranchées : c'est un piège tendu à l'assaillant, il s'y précipite se croyant à l'abri et il se fait massacrer. Ces portions de tranchées sont souvent enfilées par des fusils ou des mitrailleuses placés aux traverses.
Il faut également faire attention aux car- refours de boyaux. L'ennemi se retire sou- vent au fond d'un boyau latéral. Quand l'assaillant s'avance rapidement dans le boyau, il néglige parfois ces boyaux qui s'ouvrent sur le côté du boyau suivi.
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L'ennemi  sort  de sa  cachette  et cerne  l'assaillant quand il est
passé. Les Allemands masquent parfois par une toile l'entrée de ces refuges.
Quand on rencontre un nouveau boyau, lancer quelques grenades dans le fond de ce boyau ; l'explorer, établir un barrage simplement gardé, si on ne juge pas nécessaire de continuer par le boyau latéral.
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L'assaut, la mêlée, la poursuite.
Lorsqu'une forte ligne d'attaque a réussi à se constituer à une centaine de mètres de l'ennemi (1) et que l'artillerie a fait une préparation suffisante, on donne l'assaut.
(1) Afin de permettre à l'artillerie de tirer.
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Assaut.
L'infanterie se précipite en avant par chaînes de tirailleurs successives qu'on appelle des vagues. Chaque vague sort de la tranchée au pas ; on s'aligne, puis on prend le pas gymnastique et on exécute un certain nombre de bonds, suivant la distance. Malgré la course, malgré les balles, malgré ceux qui tombent, on reste alignés jusqu'au bout. Pas un devant, pas un derrière, en muraille. Il faut arriver aux réseaux sans tirer pour ne pas s'attarder.
Quand l'ennemi se maintient opiniâtrement dans une partie de
tranchée, l'attaquer en longeant la tranchée.
On traverse le premier réseau (1) s'il existe, on se reforme en ligne au delà. Puis on repart ; à 60 mètres de la tranchée, la char- ge : d'un seul mouvement on croise la baïonnette et on se préci- pite sur l'ennemi.
Chaque homme court droit sur le point de la tranchée qui est devant lui ; il surveille les créneaux et le parapet ; si une tête ou
(1) Franchissement des réseaux. Il ne faut pas s'attendre à ce que les réseaux soient entièrement détruits, l'artillerie se borne à faire des brèches. Chacun doit bien connaître la brèche par laquelle il doit passer.
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un fusil se montrent, un coup de feu pour les faire rentrer, puis il saute sur le parapet. A coups de fusil, à coups de baïonnette, on nettoie tout ce qui se trouve sur son passage ; il ne faut laisser personne derrière soi qui puisse vous tirer dans le dos, comme c'est arrivé bien souvent. (S'assurer que les Allemands couchés au fond de la tranchée sont bien morts.) Si tous les ennemis se rendent à la fois, ne pas les massacrer, mais les désarmer rapidement. Les hommes désignés à l'avance et les nettoyeurs de tranchée s'occupent seuls des prisonniers, parce que d'habitude les lâches font preuve d'une grande bonne volonté pour ramener les prisonniers qu'ils n'ont pas faits.
Mitrailleuses.
Une mitrailleuse qui ouvre le feu doit devenir le point de mire de tout le monde ; il faut la couvrir d'une grêle de balles.
La mêlée sur la position ennemie et la poursuite.
La tranchée, nettoyée de défenseurs en quelques secondes, est franchie sans arrêt ; on se couche à dix mètres au delà et on ouvre le feu sur la deuxième tranchée. La ligne reformée, on repart à l'assaut, bien en ordre, alignés comme la première fois.
Défense absolue d'entrer dans les boyaux ; c'est une tentation facile ; mais on n'en sort plus et une poignée d'hommes arrête pendant des heures une compagnie. Des hommes désignés à l'avan ce suivent les boyaux d'après un itinéraire fixé ; ils empêchent l'ennemi de prendre d'enfilade l'espace entre deux tranchées.
La violence de l'assaut crée un grand désarroi chez l'ennemi ; il ignore ce qui tient et ce qui est tombé.
Il faut profiter de cette confusion pour aller le plus loin possible ; si l'on s'attarde, la barrière de feu sera bientôt reformée.
Mais il ne faut pas partir en désordre, isolément, comme des fous ; on serait à la merci de la moindre fusillade ou du moindre retour offensif.
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Donc :
Toujours se rallier autour des gradés de la compagnie ;
Reformer une ligne de tirailleurs en marchant ;
Avancer rapidement sur les talons de l'adversaire, en bon ordre, l'œil aux aguets, le fusil prêt.
RALLIEMENT APRÈS L'ENLÈVEMENT D'UNE TRANCHÉE
La tranchée enlevée on se couche à 10 mètres au delà, on ouvre le feu sur la tranchée suivante et quand la ligne est reformée on repart à l'assaut.
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Les patrouilleurs désignés se faufilent rapidement en avant ; ils couvrent le ralliement et la marche des chaînes de tirailleurs ; ils tâchent, sans se montrer, de mettre la main sur les points importants (carrefours de boyaux...) dont l'occupation empêchera l'arrivée des renforts et coupera la retraite à certains groupes de défenseurs.
POURSUITE APRÈS L'ENLÈVEMENT D'UNE POSITION (ensemble de tranchées)
Ralliement en marchant en ligne de tirailleurs, derrière les gradés de la compagnie. Les diverses vagues se séparent et se reforment. Patrouilles protégeant le mouvement.
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Chaque soldat doit très bien connaître le plan des tranchées ennemies il doit pouvoir se diriger sur tel abri, telle mitrailleuse, tel carrefour.
Les endroits où porter les renseignements.
Chaque soldat, avant de partir, doit savoir exactement les endroits où il trouvera certainement quelqu'un pour faire cesser rapidement le feu de notre artillerie quand elle tire trop court, ou faire ouvrir le feu quand une occasion se présente.
Défaillances que chaque soldat doit empêcher.
Pendant la mêlée et la poursuite, une certaine confusion se produit parfois dans les troupes d'assaut. Il suffit d'un petit nombre de mauvais soldats pour jeter le désordre.
Les peureux sèment l'alarme en criant : « Ils reviennent... les gaz asphyxiants... la compagnie est anéantie... tous les officiers sont tués... nous sommes cernés. »
Ces peureux, il faut les faire taire ; s'ils reculent, se jeter sur eux et les ramener en avant, pour éviter la panique.
Les lâches profitent de la confusion et de la disparition des chefs pour rester cachés en arrière, sous un prétexte quelconque ; ils s'empressent pour accompagner les blessés ou les prisonniers, ils font semblant de mettre la tranchée en état de défense ou disent qu'ils se sont perdus. Tous ces gens-là seront ramassés par les détachements de police.
Les contre-attaques de l'ennemi et les feux de flanc.
Les groupes de tirailleurs éparpillés ont une tendance à se replier précipitamment devant la moindre contre-attaque ou lorsqu'ils reçoivent des feux de flanc, parce que les chefs sont tombés, qu'ils sont peu nombreux et craignent d'être enveloppés. Il suffit d'un soldat qui se tourne pour entraîner les autres.
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Le terrain gagné est âprement conservé : on ne recule pas. Quand il n'y a plus d'officiers ou de gradés, il y a toujours des soldats intrépides pour arrêter ceux qui tremblent et leur crier : « Le premier qui recule, je le tue. » Les groupes de tirailleurs isolés se retranchent dans un coin de tranchée ; cernés, ils se défendent jusqu'à épuisement complet des munitions, ils utilisent les fusils et les cartouches des Allemands.
Quatre hommes abrités, se moquant de l'ennemi et ne tirant qu'à coup sûr, sont absolument inabordables.
EN AVANT
Le tambour bat, le clairon sonne ;
Qui reste en arrière ?... Personne !
C'est un peuple qui se défend.
En avant
Gronde canon, crache mitraille !
Fiers bûcherons de la bataille,
Ouvrez-nous un chemin sanglant !
En avant
Le chemin est fait : qu'on y passe !
Qu'on les écrase, qu'on les chasse !
Qu'on soit libre au soleil levant !
En avant
Allons ! les gars au cœur robuste,
Avançons vite, et visons juste,
La France est là qui nous attend.
En avant
Leur nombre est grand dans cette plaine :
Est-il plus grand que notre haine ?
Nous le saurons en arrivant.
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Leurs canons nous fauchent ? Qu'importe,
Si leur artillerie est forte,
Nous le saurons en l'enlevant.
En avant
Où nous courons ? Où l'on nous mène ?
Et si la victoire est prochaine,
Nous le saurons en la trouvant.
En avant
En avant ! tant pis pour qui tombe,
La mort n'est rien. Vive la tombe,
Quand le pays en sort vivant.
En avant
Paul Déroulède.
FIN