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Guerre 14 18 en Alsace - Bataille du Linge 1915 - 63ème RAAA Poste 1/2 fixe 96

Le symbole du Coquelicot

Le coquelicot, ou papaver rhoeas, est une fleur qui pousse dans les champs de céréales et sur le bord des routes, plus fréquemment quand le sol est calcaire.

Dans le langage des fleurs, le coquelicot incarne l'ardeur fragile ; les noces de coquelicots concrétisent 8 années de mariage.

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Le coquelicot a été adopté, en particulier dans les pays du Commonwealth, comme symbole du Souvenir des combattants tombés sur le champ de bataille, tout spécialement lors de la Grande Guerre. Cette adoption a des origines multiples et internationales.

Dans un premier temps, on remarqua lors des guerres Napoléoniennes que le coquelicot poussait sur les tombes des soldats morts au combat, probablement du fait de la remontée de calcaire provoqué par la fouille des tombes.

Ce phénomène réapparut une centaine d'années plus tard lors de la Grande Guerre, sur les tombes mais également sur le bord des tranchées.

Coquelicots sur les bords d'une tranchée

Coquelicots sur les bords d'une tranchée

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La couleur rouge du coquelicot était également un symbole approprié pour suggérer le bain de sang de la guerre de tranchées ; tout ceci fut probablement à l'origine du poème du Colonel John McCrae.

John McRaeJohn McRae en 1893

John McCrae est né à Guelph en Ontario le 30 novembre 1872. Il s'est porté volontaire en 1890 pour servir son pays dans l'artillerie pendant à la guerre sud africaine des Boers. Il démissionnera de l'armée en 1904 avec le grade de capitaine.

Devenu un médecin et un professeur très respecté, il était très apprécié du fait son enthousiasme et du sens des responsabilités qu'il manifestait tant vis-à-vis de ses patients, de ses étudiants et de ses collègues.

Quand le 4 août 1914, la Grande-Bretagne déclara la guerre à l'Allemagne, le Canada, qui faisait partie de l'Empire britannique, entrait aussi en guerre. De tous les coins du pays les Canadiens s'empressèrent de répondre à l'appel. Moins de trois semaines plus tard, 45 000 s'étaient portés volontaires, dont John McCrae. Il fut nommé chirurgien au sein de la première brigade de l'Artillerie royale canadienne, avec le grade de major.

John McCrae en 1914

John McCrae en 1914

En avril 1915, John McCrae s'est retrouvé dans les tranchées d'Ypres, dans les Flandres belges qui furent le théâtre de combats sanglants de la Première Guerre mondiale. Le 22 avril, pour la première fois, les Allemands utilisèrent contre les troupes alliées un gaz mortel à base de chlore (Les Allemands testèrent sur ce même champ de bataille en juillet 1917 le gaz moutarde, d'où le nom d'Ypérite).

Malgré les effets du gaz, les soldats canadiens ont combattu sans relâche et ont pu tenir bon. John McCrae, responsable d'un poste médical situé dans un abri creusé sur les berges du canal de l'Yser, a soigné dans les tranchées des centaines de soldats blessés. Il était entouré de morts ou de mourants. Dans une lettre à sa mère, il écrivit ce qui suit au sujet de la bataille d'Ypres :

J'ai l'impression de vivre un cauchemar. Les combats sont horribles. Pendant 17 jours et 17 nuits, aucun d'entre nous n'a pu changer de vêtements, ni même enlever ses bottes, si ce n'est qu'à l'occasion. Pendant tout ce temps où je n'ai pas dormi, le bruit des fusils et des mitrailleuses n'a jamais cessé, si ce n'est que durant 60 secondes et comme toile de fond permanente, il y a la vue des morts, des blessés, des mutilés et la terrible angoisse que la ligne cède.

Le 2 mai, le lieutenant Alexis Helmer, âgé de 22 ans, ami de John McCrae, tomba sous le feu de l'artillerie ennemie. Après avoir déposé ses restes dans une couverture, John McCrae conduit lui même le service funèbre de son ami. Alexis Helmer fut inhumé dans une tombe de fortune marquée d'une simple croix de bois, près d'autres tombes où des coquelicots sauvages auraient déjà commencé à fleurir à travers les croix de bois.

Le lendemain, choqué, John McCrae, incapable de remplir sa mission de médecin responsable des secours aux autres soldats tombés, écrivit alors son poème « IN FLANDERS' FIELDS ».

In Flanders fields

In Flanders' Fields the poppies blow
Between the crosses, row on row,
That mark our place; and in the sky
The larks, still bravely singing fly
Scarce heard amidst the guns below.

We are the Dead. Short days ago
We lived, felt dawn, saw sunset glow,
Loved and were loved, and now we lie
in Flanders' fields.
 

Take up our quarrel with the foe,
To you from failing hands we throw
The torch - be yours to hold it high;
If ye break faith with us who die,
We shall not sleep though poppies grow
In Flanders' fields

Dans les champs des Flandres, les coquelicots
Sont parsemés de lot en lot
Auprès des croix ; et dans l'espace
Les alouettes devenues lasses
Mêlent leurs chants au sifflement des obusiers.

Nous sommes morts,
Nous qui songions la veille encor'
À nos parents, à nos amis,
C'est nous qui reposons ici,
Dans les champs des Flandres.

À vous jeunes désabusés,
À vous de porter l'oriflamme
Et de garder au fond de l'âme
Le goût de vivre en liberté.
Acceptez le défi, sinon
Les coquelicots se faneront
Dans les champs des Flandres.

Peu après, il fut muté à l'Hôpital général canadien n° 3 en France, où il devint le chef des services médicaux. Aménagé au départ dans de grandes tentes entre Dannes et Camiers dans le Pas de Calais, le froid et l'humidité nécessitèrent son réaménagement dans les ruines d'un collège de Boulogne. L'hôpital comptait plus de 1 500 lits, on y amenait les blessés de la Somme, de la crête de Vimy, d'Ypres, d'Arras et de Passchendaele, lieux des batailles où les Canadiens avaient une part très active.

Durant l'été 1917, John McCrae fût victime de graves crises d'asthme et de bronchite. En janvier 1918, nommé consultant médical de la Première armée britannique, premier Canadien à recevoir un tel honneur, il s'est lui-même diagnostiqué le jour même de cette nomination une pneumonie. Transféré à l'Hôpital général britannique pour officiers, sa santé a continué à se détériorer, le 28 janvier il rendit l'âme des suites de sa maladie.

John McCrae a été inhumé avec tous les honneurs militaires revenant à son grade au cimetière de Wimereux, près de Boulogne

Enterrement de John McRae

Enterrement de John McRae

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Moina Belle Michael

Deux jours avant l'Armistice, Mme Moina Belle Michael, enseignante Américaine de Géorgie, volontaire du YMCA (Young Men's Christian Association) la branche Américaine d'une association caritative internationale fondée en 1844 par un pasteur Britannique, lut le poème de John McCrae. Elle en fut profondément émue et, en réponse à John McCrae, composa son poème « We Shall Keep the Faith » :



Oh! you who sleep in Flanders Fields,
Sleep sweet - to rise anew!
We caught the torch you threw
And holding high, we keep the Faith
With All who died.
 

We cherish, too, the poppy red
That grows on fields where valor led ;
It seems to signal to the skies
That blood of heroes never dies,
But lends a lustre to the red
Of the flower that blooms above the dead
In Flanders Fields.
 

And now the Torch and Poppy Red
We wear in honor of our dead.
Fear not that ye have died for naught ;
We'll teach the lesson that ye wrought
In Flanders Fields.

Oh ! Vous qui dormez dans les champs des Flandres
Dormez bien - pour vous lever à nouveau ;
Nous avons repris le flambeau par vous brandi
Et le portant bien haut, nous respectons
La parole donnée par les morts.

Nous aussi chérissons le rouge du coquelicot
Qui pousse dans les champs où le courage régnait.
Il semble dire au ciel
Que le sang des héros est éternel.
Mais il donne au rouge l'éclat
Des fleurs qui s'épanouissent au-dessus des morts
Dans les champs de Flandres.

Et maintenant le flambeau et le coquelicot rouge
Que nous portons en l'honneur de nos morts.
Afin que vous ne soyez pas morts pour rien ;
Transmettra le message que vous nous avez laissé
Dans les champs de Flandres.

En souvenir de ceux qui étaient morts à la guerre, Mme Moina Belle Michael décida de porter un coquelicot durant toute l'année.

En 1920, une Française, Madame Anna E. Guérin, membre du YMCA en France, rencontra Moina Belle Michael aux États-Unis. Madame Anna E. Guérin créa une l'association «l'American and French Children's League », pour vendre, à l'occasion de l'anniversaire de l'Armistice, des coquelicots en tissus faits à la main, afin de recueillir de l'argent pour aider les enfants des pays qui avaient été ravagés par la guerre en Europe.

Françaises fabriquant des coquelicots

Françaises fabriquant des coquelicots

Douglas HAIG

En 1921, le maréchal Douglas Haig, commandant des armées britanniques en France et en Belgique entendit parler cette initiative de madame Guérin et encouragea l'organisation du British Poppy Day Appeal en vue d'amasser des fonds pour les anciens combattants pauvres et invalides. La même année, madame Guérin au cours d'un voyage au Canada, réussit à convaincre l'Association des anciens combattants de la Grande Guerre d'adopter le coquelicot comme symbole du souvenir servant à la collecte de fonds.


Premier coquelicot

La première année, les coquelicots artificiels ont été achetés auprès de l'association de Mme Guérin, en France. Mais, dès 1922, les divers pays ont entrepris de fabriquer les fleurs chez eux. Au Canada, ils étaient fabriqués par l'atelier d'artisanat des anciens combattants du ministère du Rétablissement civil des soldats où travaillaient des soldats handicapés.

Aujourd'hui encore, le coquelicot est un symbole très fort du souvenir au Canada et en Grande Bretagne. La campagne du coquelicot constitue une très importante action de collecte de la Légion royale Canadienne. Les fonds provenant des ventes de coquelicots permettent d'offrir une aide financière aux anciens militaires dans le besoin ; de subventionner l'achat d'appareils médicaux, la recherche, les services à domicile, les établissements de soins, etc.