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Guerre 14 18 en Alsace - Bataille du Linge 1915 - 63ème RAAA Poste 1/2 fixe 96

La bataille du Linge - juin 1915 à octobre 1915

es actions qui eurent lieu au Lingekopf se rattachent à une opération de grande envergure qui fut élaborée dans les premiers mois de 1915. Le Haut Commandement français envisageait une série d'opérations offensives ayant pour but de nous donner la possession de la haute vallée de la Fecht et de Munster. Entre sa conception et son exécution, cette opération fut l'objet de nombreuses modifications tant au point de vue de l'étendue du front d'attaque que de l'importance des effectifs à y engager et des résultats qu'on en espérait.

Le projet d'opérations auquel on s'arrêta, le 30 juin, prévoyait, dans sa première phase, une offensive vigoureuse de la 129e division avec sa brigade de droite sur la position Lingekopf - Reichakerkopf, et dans sa seconde phase la poursuite de cette action offensive se développant en direction générale de Munster.

Une petite opération, exécutée pendant la nuit du 19 au 20 juin par quatre compagnies du 30e bataillon de chas- seurs et deux compagnies du 59e régiment d'infanterie territoriale, avait déjà attiré l'attention sur la région du Linge. Le but était de prendre pied, par surprise, dans le saillant ouest du Linge. L'attaque part en deux colonnes : à droite, deux compagnies dont une de territoriale ; à gauche, trois

 
compagnies dont une de territoriale et une compagnie de chasseurs en réserve. Mais à peine les troupes sont-elles sorties de la parallèle de départ que les Allemands lancent trois fusées du saillant ouest du Linge. A ce signal, la ferme Combe s'enflamme et nos troupes sont immobilisées par l'incendie qui éclaire le terrain comme en plein jour. Elles regagnent leurs tranchées.

Craignant d'avoir éveillé prématurément l'attention de l'ennemi et contrarié par le mauvais temps, le général de Maud'huy, commandant de la 3e Armée, décide de remet- tre l'attaque au 20 juillet.

L'objectif à enlever était le massif connu sous le nom du Lingekopf - Schratzmännele - Barrenkopf. Ce massif, vu des positions françaises de l'Hornleskopf, barre complète- ment l'horizon.

La crête se profile du nord au sud, d'abord en pente régulière jusqu'au sommet du Linge, descend faiblement jusqu'au Collet, qui emprunte la route du Hohneck, et remonte ensuite par une pente rapide jusqu'au sommet du Schratzmännele. Les pentes sont très boisées ; mais à travers certaines éclaircies, on se rend compte que vers le sommet les pentes sont abruptes, le terrain très rocheux et bouleversé. Des blocs de rochers entassés les uns sur les autres forment des éboulis, des chaos où la marche semble

devoir être très pénible. Vers l'ouest, ce massif est précédé par une vallée dénudée et marécageuse, parfaitement vue du Rain des Chênes qu'occupe l'ennemi ; le massif domine la vallée d'environ 200 mètres. Cette disposition du terrain rendra particulièrement difficile l'établissement de nos communications, qui doivent passer par cette vallée. Après les premières opérations, quand le massif eut été en partie déboisé par les obus, les difficultés du terrain se révélèrent encore plus considérables ; le Linge dévoila des rochers à pic qui s'opposaient à toute progression. Les défenses accumulées par l'ennemi : réseaux profonds de fils de fer, grillages tendus, réseaux plantés au ras du sol et enchevêtrés aux lianes et aux ronces naturelles, tranchées à fleur de terre qui battaient de leurs feux ces réseaux, blockhaus et abris bétonnés qui protégeaient les mitrailleuses, disposition des pentes ouest que nous attaquions, exposées au feu de l'artillerie ennemie qui prenait de flanc, et même de dos, les troupes montant à l'assaut, faisaient de ce massif Lingekopf - Schratzmännele - Barrenkopf une région qui paraissait défier les attaques des troupes les plus braves.

L'attaque de cette formidable position était confiée pour la partie Lingekopf - Schratzmännele à la 3e brigade de chasseurs, commandée par le colonel Brissaud, appartenant à la 129e division, et pour la partie Schratzmännele -
Reichakerkopf à la 4e brigade, commandée par le colonel Lacapelle, appartenant à la 47e division. Les opérations de la 4e brigade (6e, 23e, 24e et 46e bataillons de chasseurs) n'eurent que peu d'importance et furent exécutées dans les journées des 20, 21 et 22 juillet. Elles aboutirent à la prise du Petit-Reichaker.

A la 129e division devait revenir l'honneur et la gloire de conquérir le Linge. La 3e brigade se composait des 14e, 22e, 30e, 54e et 70e bataillons de chasseurs. Le 20 juillet, le 14e bataillon s'était approché de la côte du Linge, mais n'avait pu atteindre le sommet défendu par de puissantes tranchées garnies de forts grillages ; le 54e bataillon, qui avait bravement débouché, était arrêté dans sa progression vers le mamelon du Schratzmännele par d'épais réseaux et des grillages flanqués de mitrailleuses. Il ne lui restait que quatre officiers et il avait dû se replier. A droite, le 22e bataillon avait été refoulé dans sa parallèle de départ. Il devenait nécessaire de procéder à une attaque méthodique. Le 21 juillet fut employé à préparer cette action qui comprenait une attaque principale, commandée par le lieutenant colonel Messimy, ayant comme objectif la crête du Linge, et une attaque secondaire de deux compagnies du 70e bataillon de chasseurs sur le collet du Linge. Le détachement Messimy comprenait deux compagnies du 149e bataillon et quatre compagnies du 30e. Malgré l'héro-

ïsme déployé par les chasseurs qui se lancèrent sept fois à l'assaut, nos progrès furent arrêtés sur un terrain d'un parcours extrêmement difficile, défendu par une série de blockhaus et par un gros ouvrage construit aux extrémités des boyaux descendant du Schratzmännele. Les journées des 23, 24 et 25 juillet furent consacrées à remettre de l'ordre dans nos troupes, à assurer à pied d'œuvre un matériel offensif considérable et à étudier la prochaine attaque. A cette date du 23 juillet, le général de Maud'huy décidait de porter tout son effort sur le front de la 129e division.

L'action prévue pour le 26 juillet doit avoir lieu dans les conditions suivantes : on attaquera successivement le Lingekopf, puis le Collet du Linge et enfin l'arête du Schratzmännele. La 3e brigade est chargée de mener cette offensive avec cinq compagnies du 14e bataillon de chasseurs et trois compagnies du 30e, tandis que la 5e brigade exécutera, avec le 120e bataillon, une opération secondaire sur les défenses de la lisière sud du bois du Linge, au point où la route du Hohneck coupe cette lisière. Le lieutenant-colonel Messimy, adjoint au colonel commandant la 3e brigade, est chargé de commander l'attaque principale. L'attaque doit déboucher entre deux flancs défensifs, solidement installés et ainsi constitués :

Flanc sud. - Le 54e bataillon et une compagnie du 4e

Flanc nord. - Trois compagnies du 30e bataillon et une compagnie du 359e d'infanterie.

Le Linge
LE LINGE

L'attaque avait été fixée à 18 heures ; mais, débouchant des tranchées huit minutes auparavant, les chasseurs des 14e et 30e bataillons gravissent les pentes occidentales du Linge et atteignent le sommet à 18 heures, en même temps que les derniers obus de 75. Le sommet et toute la crête du Linge sont enlevés. Bousculant les derniers défenseurs des tranchées allemandes, les chasseurs occupent les pentes est

de la montagne, juste à temps pour repousser, après une furieuse lutte corps à corps, les renforts ennemis lancés à la contre-attaque. Le 14e bataillon enlève les ouvrages qui défendent, au nord, le Collet du Linge ; mais, pris sous le feu des mitrailleuses du Schratzmännele, il ne peut aller plus loin. Néanmoins, il maintient: ses positions et repousse toutes les contre-attaques. A 23 heures, la situation est la suivante : le 30e bataillon de chasseurs occupe le Lingekopf, ses tranchées et tous ses blockhaus, dont quelques uns ont été conquis au prix de pertes sanglantes. Il a repoussé toutes les contre-attaques ennemies. Au sud, le 14e bataillon de chasseurs est à cheval sur le Collet du Linge, qu'il dépasse de quelques 20 mètres vers le sud et il résiste solidement sur sa nouvelle position. Nos efforts tentés entre 19 et 21 heures pour progresser vers la crête nord du Schratzmännele sont restés infructueux, les renforts (121e bataillon) ne pouvant arriver que lentement sous le barrage ennemi.

La journée du 27 juillet fut marquée par un bombardement adverse d'une violence inouïe sur le Linge, le Collet du Linge et toutes les pentes du revers ouest, ainsi que sur les communications avec notre position de départ. Nos pertes furent très lourdes. Les 14e et 30e bataillons de chasseurs furent réduits chacun à l'effectif d'une compagnie. Protégés par ce bombardement terrible, les Allemands pro-
Secteur du Linge vue vers SULZEREN

SECTEUR DU LINGE - VUE VERS SULZEREN

noncèrent quatre contre-attaques à 3 heures, à 8 heures, à 10 heures et à 15 h. 30. Les deux premières contre-attaques furent repoussées. A partir de 9 h.15, un bombardement véritablement effroyable fut déclenché sur nos positions. A 10 heures l'infanterie ennemie débouche, mais son élan est brisé par le feu des chasseurs et elle doit regagner ses tranchées ; une seconde tentative allemande n'est pas plus heureuse. Mais le bombardement recom- mence avec une intensité accrue, faisant présager de nouvelles attaques de l'ennemi.

Dans la journée, le général Nollet, commandant la 129e division, décide de faire attaquer par trois compagnies du 120e bataillon et deux compagnies du 54e, en direction du Schratzmännele. Le 120e bataillon de chasseurs atteint la crête du Schratzmännele : mais il est repoussé presque aussitôt par une contre-attaque, tandis que, sous la menace d'un enveloppement opéré par les deux compagnies du 54e, la ligne du Hohneck tombe peu à peu entre nos mains avec ses tranchées et ses blockhaus. Il est alors 15 h. 30 ; c'est le moment où l'ennemi lance sa plus furieuse contre-attaque, exécutée par le 14e bataillon de chasseurs mecklembour- geois, sur nos positions du Collet du Linge. Les chasseurs allemands progressant malgré leurs pertes, les débris du 14e bataillon de chasseurs français se lancent à la baïonnette et les refoulent, leur enlevant 2 officiers et 45 hommes.

La fusillade et la canonnade cessent peu à peu, et : à 18 heures le calme est presque entièrement rétabli.

La journée du 28 juillet fut très calme ; de part et d'autre, silence presque absolu de l'artillerie. Nos troupes en profitèrent pour réorganiser et consolider leurs positions.

Les restes glorieux des 14e et 30e bataillons de chasseurs furent relevés par une partie du 5e et une fraction du 106e. Le 5e bataillon profita de l'accalmie pour progres-
ser quelque peu vers les pentes ouest du Schratzmännele.

Le 29 juillet, le 5e bataillon de chasseurs est lancé à l'attaque sur le front Collet du Linge - mamelon du Schratzmännele, après une courte mais intense préparation d'artillerie. Il progresse jusqu'au changement de pente à l'ouest de la crête ; là il est arrêté par le feu des mitrailleu- ses. L'ennemi lance plusieurs contre-attaques dont la plus furieuse est exécutée à 17 h. 30 par les chasseurs de la Garde. Ces réactions échouent toutes et le 5e bataillon de chasseurs, cramponné au changement de pente, conserve ses positions.

Les jours suivants, 30 et 31 juillet, le calme règne dans la région du Linge, interrompu parfois par de violents bombardements qui n'empêchent pas nos chasseurs de travailler activement à renforcer leurs positions.

Le général Nollet décida, le ler août, de reprendre l'offensive sur un plus grand front.

La 3e brigade doit attaquer, avec le 5e bataillon de chasseurs, sur la crête nord du Schratzmännele, tandis que la 5e brigade attaquera, avec le 15e bataillon, depuis le sommet du Schratzmännele jusqu'aux carrières, et avec le 115e sur le Barrenkopf.

L'attaque a lieu à 19 h. 30 ; et là encore, nos chasseurs suivant les obus de 75, atteignent facilement les tranchées
allemandes et les dépassent même. Mais notre droite est arrêtée par des feux d'infanterie et de mitrailleuses, et nous ne pouvons atteindre le sommet du Schratzmännele dont les ouvrages défensifs tiennent toujours. Le colonel Brissaud décide de tenter, le 2 août, à 3 heures, une attaque brusquée sur ces ouvrages, constitués par trois blockhaus entourés d'un puissant réseau de fils barbelés. Les 5e et 15e bataillons atteignent les réseaux, mais ne peuvent aller plus loin et doivent regagner leurs tranchées de départ. Il était nécessaire, pour enlever ces ouvrages, de les faire préalablement écraser par notre artillerie. Nos canonniers s'y emploient pendant la journée du 3 août; mais les événements qui se déroulèrent ensuite ne devaient pas permettre d'exécuter l'opération projetée.

Le 4 août, jusqu'à 9 h. 30, l'ennemi avait été relative- ment calme. A partir de 9 h. 30, il commença sur nos premières lignes une série de tirs de réglage, en même temps qu'il bombardait nos communications avec du 150 et du 210. A 10 h. 30, un ouragan de feu s'abat sur nos positions et l'intensité de cet effroyable bombardement s'accentue au cours de la journée. Nos pertes sont graves, surtout au sommet et au collet du Linge où les tranchées sont bouleversées et les abris démolis. A 16 h. 30, les vides
sont tels qu'il faut faire renforcer par une compagnie du 14e bataillon de chasseurs, réduite à 70 fusils, et une compagnie du 30e, réduite à 80 fusils, les défenseurs de la position. A ce moment, l'attaque d'infanterie allemande est déclenchée avec une violence inouïe sur le front Collet du Linge - Lingekopf. Ne trouvant plus devant eux que quelques chasseurs encore valides, qui luttent désespérément sur les parapets bouleversés, au milieu des morts et des blessés, les Allemands s'emparent de toute notre première ligne, mais échouent devant la seconde. Une contre-attaque tentée par une compagnie du 27e bataillon de chasseurs parvient à reprendre notre première ligne au Collet du Linge ; mais nos tentatives pour reprendre le sommet du Lingekopf échouent par suite de l'affaiblissement de nos troupes. Le 30e bataillon de chasseurs est presque anéanti ; une compagnie est réduite à 15 hommes, une autre à 30. Les débris des unités sont totalement mélangés, les pertes en officiers et en sous-officiers sont énormes. On ne peut plus songer qu'à tenir, mais non à contre-attaquer.

On comprend que, dans ces conditions, le colonel Brissaud ait rendu compte au général Nollet du danger de cette situation. « Les hommes sont exténués par le bombardement et la fatigue des derniers jours. Les troupes sont arrivées à leur extrême limite de résistance et il est indispensable de les relever cette nuit même par des troupes

fraîches ; il faut venir immédiatement au secours des braves gens qui luttent depuis le 20 juillet ».

Combats du LINGE

COMBATS DU LINGE

Aussi, dans la nuit le général commandant la 129e division mettait-t-il à la disposition du colonel Brissaud un bataillon du 297e régiment d'infanterie et un bataillon du 359e deux compagnies du 27e et le 11e bataillon de chas- seurs en entier.

Le lendemain 4 août, les Allemands recommencent leur furieux bombardement à partir de 12 h. 30, et déclenchent, à 17 h. 30, une attaque d'infanterie sur le front du 5e bataillon de chasseurs, depuis la crête du Schratzmännele jusqu'au Collet du Linge. Surpris un instant, les survivants du 5e bataillon cèdent quelques éléments de leurs tranchées de première ligne et refluent en combattant vers la ligne de soutien. A ce moment, deux compagnies du 54e bataillon de chasseurs et les débris du 11e s'élancent, officiers en tête et, dans un élan admirable, chassent l'ennemi des positions qu'il n'a occupé qu'un moment. Cherchant à profiter de la panique de l'adversaire, les vaillants chasseurs continuent leur attaque pour s'emparer des blockhaus du sommet du Schratzmännele ; mais, bien que parvenus à 50 mètres des ouvrages, ils ne peuvent y pénétrer et rentrent dans notre première ligne reconquise. La journée s'achève sans autre attaque de l'ennemi.

Les tentatives ennemies pour reprendre nos positions continuèrent, mais elles échouèrent toutes. Une accalmie

s'établit peu à peu dans cette région, et nous en profitâmes pour réorganiser nos forces et préparer une série d'attaques, exécutées du 18 au 23 août par les 11e, 12e, 22e et 23e bataillons de chasseurs.

Un boyau sur le Linge

UN BOYAU SUR LE LINGE

Le 18, un premier assaut nous rendait le sommet du Linge, mais nous ne pûmes nous y maintenir ; les 22 et 23 août, nous nous emparâmes des redoutables blockhaus installés au sommet du Schratzmännele et du Barrenkopf.
Le 24 août notre offensive cessa, et l'ennemi ne réagit que faiblement pendant une semaine. Mais le 31 août, après une préparation formidable d'artillerie, où les Allemands employèrent en masse obus asphyxiants et lacrymogènes, une puissante attaque fut lancée sur tout le front ; elle n'aboutit qu'à la prise de 200 mètres de tranchées de part et d'autre du Collet du Linge, où une compagnie du 51e bataillon, à peu près anéantie, et quelques survivants d'une partie du 12e bataillon de chasseurs, ne purent résister aux masses d'infanterie allemande.

On ne peut plus signaler, dans les semaines qui suivent, qu'une nouvelle attaque générale ennemie, le 9 septembre, accompagnée de jets de liquides enflammés, qui permit aux Allemands d'occuper pendant quelques instants le sommet du Schratzmännele, d'où notre contre-attaque les rejeta rapidement. Une nouvelle tentative avec jets de liquides enflammés réussit pourtant, le 12 octobre, à prendre pied dans notre première ligne, entre le Collet du Linge et le sommet du Schratzmännele. Malgré l'héroïsme des chasseurs des 14e et 30e bataillons, l'ennemi maintint sa nouvelle position.

Le 16 octobre, une dernière attaque échoua ; et avec l'hiver qui commençait à se faire sentir le calme revint dans cette région des Vosges.

La position Lingekopf - Schratzmännele - Barrenkopf était considérée à juste titre par le Commandement allemand comme ayant une importance considérable ; aussi nos ennemis n'avaient-ils pas amené moins de trois divisions fraîches, choisies parmi les meilleures et appuyées par une nombreuse artillerie lourde, afin de reprendre le terrain conquis par nos chasseurs. Mais, bombardements sans précédent par canons de tous calibres, y compris le 380 et le 420, obus asphyxiants et lacrymogènes, liquides enflam- més, infanterie d'élite dépensée sans compter, tout échoua devant la ténacité de nos héroïques bataillons ; et pourtant certains d'entre eux étaient composés de jeunes recrues de la classe 1915, qui attaquaient pour la première fois. Nos pertes avaient été lourdes ; la 129e division, entre le 20 juillet et le 25 août, perdait :

Officiers : 42 tués, 111 blessés, 5 disparus ;
Troupe : 1.115 tués, 7.500 blessés, 94 disparus.

Mais les vides furent énormes dans les rangs ennemis. D'après les interrogatoires des prisonniers, des sections étaient anéanties au 188e régiment d'infanterie, des com- pagnies étaient réduites de plus de moitié aux : 73e et 78e régiments. Le courage et l'héroïsme déployés par les chasseurs et les fantassins qui vinrent les relever sur les positions formidables du Linge compteront parmi les plus
beaux titres de gloire de notre infanterie au cours de cette dure et longue campagne. Si ces vaillants n'ont pas obtenu le succès complet, c'est qu'il y a des limites aux forces humaines et que la supériorité morale ne peut pas, à elle seule, vaincre la supériorité numérique et surtout la supé-riorité matérielle de l'ennemi.