WW1 in Alsace - Linge Battle - 63^rd Anti Aircraft Regiment - 96^th poste semi-fixed

Né le 10 juillet 1891 à Denain dans le Nord, fils d'un horloger, il a un demi-frère Gustave.

Aprés une courte scolarité il entre, le 2 janvier 1903, au service comptable de Denain de la Société Anonyme des usines à gaz du Nord et de l'Est ; il y restera jusqu'au 30 septembre 1912, veille de son départ pour le service militaire.

L'augmentation des effectifs actifs de l'armée impériale Allemande, portés en 1912 et 1913 à 850 000 hommes, contre 540 000 hommes en France, a amené le parlement, sur la demande des généraux, à adopter le 7 août la loi BARTHOU qui a allongé la durée du service militaire pour le porter à 3 ans.

Libérable en septembre 1914, Amédée LIESSE fêtera sa quille (le Père 200 à l'époque) le 3 mars 1914.

Son livret militaire nous apprend qu'il est affecté le 1^er juillet 1914 au 1^er régiment d'artillerie coloniale 13^ème compagnie, casernée à Fouras près de La Rochelle en Charente Maritime. On retrouve d'ailleurs dans un document PDF de la Chambre de Commerce et de l'Industrie de La Rochelle la trace du passage du 1^er régiment d'artillerie coloniale jusqu'en 1915 à l'Hôtel de la bourse.

Le 28 avril 1915, Amédée LIESSE part de Fouras, il arrive le 2 mai 1915 à Epinal, pour rejoindre le front des Vosges qu'il ne quittera plus jusqu'au 16 janvier 1919.

Le 13 juin 1915 il se voit délivrer une autorisation de circuler pour l'installation et la surveillance des lignes téléphoniques de l'artillerie de la 47^ème division commandée alors par le Général Armau De POUYDRAGUIN.

Découverte d'une rencontre 90 ans plus tard ?

Dans le livre "Chasseurs et Artilleurs" (édité par le Mémorial du Linge), Paul GUION, canonnier au 6^ème régiment d'artillerie à pied dit :

"Téléphonistes et observateurs avaient la possibilité de rendre visite aux fantassins jusque dans leur tranchée. R... et L... qui étaient chargés d'entretenir les lignes téléphoniques jusqu'aux observatoires nous racontaient les petits détails de cette vie de tranchée qu'ils avaient souvent l'occasion de voir."

La mission et l'initiale correspondent : Paul GUION et Amédée LIESSE se sont peut-être rencontrés !

Amédée Liesse participera au sein de la 47^ème Division d'Infanterie :

- A l'offensive menée le 15 juin 1915 sur Metzeral, permettant une avancée de 5 Km vers la vallée de Munster.
Malgré le succès de cette avance, le grand quartier général stoppera cette offensive pour tenter un débordement par les hauteurs du Linge.

- A la malheureuse offensive Française sur le Linge, le Schratmännele et le Barrenkopf menée du 20 juillet 1915 au 16 octobre date la dernière grande attaque Allemande repousssée.

Cette cruelle et longue bataille, le Général Armau De POUYDRAGUIN en avait pressenti l'issue funeste :

Les lignes de défense Allemandes étaient sur les hauteurs, les hésitations Françaises avait clairement laissé entrevoir leurs intentions aux Allemands. Ces derniers ont pu renforcer considérablement leur ligne de défense (blockhaus, ouvrages divers, tranchées et défenses accessoires).

Sur un front de quelques centaines de mètres il y eut 10 000 morts chez les Français (certaines unités verront plus de 80% de leurs effectifs anéantis), les Allemands ayant utilisé les gaz, les liquides enflammés, et tiré jusqu'à plus 40 000 obus par jour sur un front de moins de 3 kilomètres.

Ce front, figé par les rigueurs de l'hiver 1915, ne verra plus d'offensive de grande envergure jusqu'à la fin du conflit.

Le 26 février 1916 Amédée LIESSE sera affecté au 3^ème régiment d'artillerie coloniale 10^ème compagnie, pour être réaffecté le 1^er mars 1916 au 1^er régiment d'artillerie coloniale 63^ème compagnie.

Cette courte affectation correspond peut-être à la terrible péripétie suivante :
Envoyé en mission par son commandant de batterie, Amédée LIESSE entendit une énorme explosion en provenance de sa batterie. Il poursuivit cependant sa mission, et à son retour il eut la douleur de constater que tous ses compagnons d'arme avaient été tués par un tir de contre batterie.

Une autre péripétie a fait, qu'en des circonstances et à une date inconnues, il a sauvé la vie à un lieutenant de la police montée Canadienne, qui s'était porté volontaire pour combattre aux côté des troupes Françaises. En reconnaissance, ce lieutenant lui a donné son arme de service (arme que les officiers canadiens achetaient eux-même). Amédée LIESSE est revenu après la guerre avec le cheval que ce lieutenant lui avait donné.

Le 1^er mai 1916 Amédée LIESSE sera affecté au 21^ème régiment d'artillerie de campagne, poste de DCA 96 ; poste qu'il ne quittera plus.

Le 1^er octobre 1916 le poste de DCA 96 est rattaché au 62^ème régiment d'artillerie de campagne.

Le 1^er aout 1917 Amédée LIESSE est nommé brigadier.

Le 1^er octobre 1917 le poste de DCA 96 est rattaché au 63^ème régiment d'artillerie D.C.A.

Le 8 octobre 1918, Amédée LIESSE sollicite " l'autorisation d'obtenir une permission de trois jours pour me rendre à Denain - Nord - récemment reconquis et lieu de résidence de ma famille. " La ville de Denain avait été ocuppée très tôt au début du conflit, Amédée LIESSE n'avait plus eu aucun contact avec sa famille. Cette permission ne lui sera accordée, malgrè un avis très favorable, que le 19 novembre 1918.

Le 16 janvier 1919, la 162^ème division d'infanterie à la quelle le poste de DCA 1/2 fixe 96 était rattaché étant dissoute, Amédée LIESSE est affecté à la 39^ème batterie du régiment d'artillerie DCA.

Le 1^er avril 1919, il est nommé maréchal des logis fourrier.

Démobilisé le 24 juillet 1919, Amédée LIESSE quittera l'armée aprés six ans, neuf mois, et dix sept jours de service dans l'armée d'active. Il reprendra son travail de comptable le 28 juillet 1919 à l'usine à gaz de Denain.

Il quittera l'usine à gaz le 1^er janvier 1922 pour créer un commerce de grains et de graines qu'il installera dans un bâtiment construit par l'armée allemande pendant la guerre, pour abriter la troupe qui gardait le pont franchissant l'Escaut rue de la Pyramide à Denain.

Marié, il a eu un fille.

Agé de 48 ans à la déclaration de la deuxième guerre, et venant d'être victime d'une crise cardiaque, il sera réformé, puis réquisitionné, de par sa profession, pour fournir des semences à l'agriculture.

Amédée LIESSE terminera sa vie avec quelques reliques de l'époque, secrètement entreposées dans un grenier au-dessus de son bureau. Il décèdera, quelques mois après avoir cessé son activité, le 10 juillet 1971, jour de ses 80 ans.

Il a traversé tout ce conflit sans blessure physique, mais profondément traumatisé, il parlait très peu de cette période, et il a toujours refusé de retourner dans les Vosges.

Symboliquement, à la naissance de son petit fils, le fils qu'il n'avait pas pu avoir, il a fait en sorte que le colt du lieutenant Canadien qu'il avait ramené retourne sur place. Au jourd'hui, ce colt, après avoir été démilitarisé, est confié au mémorial du Linge.